Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Urbi et Orbi
Albums Photos
Archives
29 juillet 2009

Pardonnez-moi, car j'ai pêché.

Mon père, pardonnez-moi car j'ai pêché ; oui, mon âme est sale.
J'ai été recruté sur un plateau de télévendeurs. Oui, mon père, je vends des assurances-à-petites-lignes-sournoises à des gens déjà détenteurs de prêts pas franchement valables. Oui mon père, j'en ai vendu ; trois le premier jour.
Et je me repends.
Pour ma défense, je dirais d'abord qu'il faut bien manger ; que sur un contrat de six mois, je compte ne faire que quinze jours et profiter de la brèche constituée par la période d'essai ; que trois petite vente, mon père, c'est un bien faible score si je le compare aux "perfs" autoproclamées de mes condisciples ;
Qu'entre le prix que je coûte en période de formation, en glandouillages divers, en sapage de moral de mes petits collègues ("...tout de même, je ne suis pas très à l'aise de vendre ça... Vous, ça ne vous dérange vraiment pas ? ...si, un peu ? Ah oui ?"), je pense avant tout faire oeuvre (rémunérée) de sabotage.
Aussi je pense, mon père, mériter l'indulgence.

Edit du 3 aout, en réponse à un commentaire amical :

Ma formule "sapage de moral de mes petits camarades" était maladroite et ne reflète pas la réalité ;  peut-être cela mérite -t-il quelques éclaircissements.
Ledit endroit et sa hiérarchie conditionnent les employés, façon rouleau-compresseur, à considérer le nombre de ventes en score, attribuant ainsi une valeur au vendeur ; or le produit vendu n'est, à mon sens, valable pour personne. La valeur de l'individu est donc liée à sa capacité d'arnaqueur ? C'est un raccourci un peu à l'emporte-pièce, mais que j'ai constaté être pas si inexact...
Ladite entreprise propose beaucoup d'activités différentes. Si un vendeur ne souhaite plus faire partie d'une activité, il est déplaçable vers une autre activité. C'est ce qui est arrivé  à ma compagne, (certes, au prix d'une guerre psychologique qui a fonctionné.) Revenue de la vente, elle fait désormais partie d'un service de "conseil-clientèle" ; au lieu d'importuner les gens, elle les aide lorsqu'ils l'appellent. C'est possible. Elle finance désormais ses études avec une plus grande tranquilité d'esprit, en accord avec sa conscience. Personne n'est obligé de rester télévendeur !
Ce travail ne me plaît pas, mais je vais le pratiquer peu de temps pour faire ensuite ce qui me plaît : en ce sens, j'ai une chance folle, certes. Mais je me sentirai un peu moins inutile, d'ici là, en maintenant mon point de vue auprès de mes collègues. Qu'on a pas à se glorifier de refourguer des assurances pas valables à des gens (régulièrement en situation de faiblesse). La technique de vente repose sur des ressorts assez dégueulasses. Par exemple, la conversation est enregistrée et fait foi de contrat. Or, souvent, ceux que l'on a au téléphone ne "veulent pas vexer", nous écoutent jusqu'au bout, disent "oui, oui" pour faire plaisir, réalisant que le boulot n'est pas si confortable... et se retrouvent enchaînés à un service...
Si je peux être un infime grain de sable dans le rouage... et être payé pour ça en même temps, je ne vais pas me gêner !
Bref, il n'était pas question de bêtement saper le moral de collègues qui, effectivement, font un métier difficile, ont des familles à nourrir... Juste d'apporter un contrepoint à cette course au chiffre trop galvanisante !

Publicité
Commentaires
F
Merci pour ces débuts d'absolution !<br /> (il s'agit d'assurances qui fonctionnent avec des prêts revolving ; mais avec beaucoup d'exclusions diverses, de petites lignes, etc... on nous l'a bien dit : le boulot d'un assureur, c'est de trouver comment ne pas rembourser les gens... ha oui ?...)
C
Oui, il est parfois difficile de faire des choix. Mais bon je pense que le Père te pardonne, car nous le savons si cela n'étais pas bien, surement qu'il ne laisserait pas faire :|
T
Mais que refourgues tu donc ? ;))))
Publicité
Newsletter
Publicité